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Qui va décevoir les investisseurs ? (rédigé le 02/05/2017)
Pour la première fois depuis la grande crise de 2007/2008, la zone euro ne semble plus être la première source d’inquiétude pour les investisseurs. Progressivement, presque imperceptiblement, le statut du Vieux Continent a évolué : l’image de l’éternel cancre économique s’est estompée pour céder la place à celle d’une zone, certes en phase de restructuration, mais désormais capable de renouer avec la croissance.
Il est vrai que les données économiques ont fini par donner du grain à moudre à ceux qui espèrent depuis cinq ans une reprise plus franche que les soubresauts enregistrés par intermittence. Les indices des directeurs d’achat pointent nettement en direction d’une expansion de l’activité tandis que la déflation, présentée comme le risque majeur il y a encore 18 mois, a cédé la place à la hausse des prix. Les investisseurs, qui avaient fui la zone en 2016, se disent que le pire est peut-être, enfin, passé. D’autant qu’en parallèle, le Président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, s’est imposé comme le meilleur ami des marchés financiers. Celui-ci ne cesse ainsi de répéter que les meilleurs chiffres économiques demandent confirmation avant que l’institution ne revienne sur sa politique exceptionnellement accommodante. La BCE tente en outre d’offrir aux investisseurs une forme de visibilité sur les prochaines étapes. D’abord, elle annoncera ne plus vouloir baisser les taux. Ensuite, elle arrêtera très progressivement ses rachats d’actifs. Et enfin, elle se décidera, peut-être, à relever le loyer de l’argent en 2019, si aucun choc économique n’est survenu d’ici là. Rien de très violent, donc. Des autorités monétaires conciliantes, une croissance économique attendue à près de + 1,7 % en 2017 et un risque politique désormais perçu comme réduit après l’élection présidentielle française (à tort ou à raison, nous le saurons bien assez vite) : voilà autant d’éléments qui permettent à la zone euro de ne plus apparaître comme le vilain petit canard parmi les grandes puissances économiques.
Qui pour prendre sa place ? Comme nous l’avons déjà souligné, la Chine affiche le profil idéal pour devenir la bête noire des investisseurs. à ce jour, la croissance économique ne tient que grâce à la relance massive des dépenses publiques et du crédit. Or, celle-ci ne fait qu’enfler encore un peu plus les surcapacités, la bulle immobilière ainsi que les créances douteuses glissées sous le tapis par l’ensemble des acteurs économiques. Compte tenu de la capacité de l’état chinois à masquer la réalité, il est toutefois difficile de savoir quand l’étincelle atteindra le baril de poudre. Dès lors, lassés de guetter ce risque, les opérateurs ont fini par l’occulter, purement et simplement.
Ce qui laisse l’Amérique de Donald Trump candidate surprise au bonnet d’âne. Alors que le milliardaire avait dit vouloir faire plus que n’importe qui durant les 100 premiers jours de son mandat, il figure parmi les Présidents les moins actifs. Les investissements dans les infrastructures ? Le dossier est au point mort. Les baisses d’impôts ? Son équipe a de nouveau présenté le projet mis en avant fin 2016 alors que tout le monde s’accorde à dire qu’il est irréalisable. D’autant plus maintenant que les taxes à l’importation, censées financer le déficit lié à la baisse de la fiscalité, ont disparu comme par enchantement du plan d’action du Président. On a déjà vu mieux comme soutien à la croissance… D’ores et déjà, l’Amérique a enregistré la croissance la plus faible parmi les pays du G7 au 1er trimestre 2017. La consommation montre des signes de faiblesse (sa croissance est au plus bas depuis 2009), l’investissement (hors pétrole et mines) n’est toujours pas au rendez-vous. Au cours des prochaines semaines, l’Amérique pourrait bel et bien devenir le premier point de crispation des marchés. Au regard des valorisations atteintes, le réveil serait alors désagréable pour ceux n’ayant pas concrétisé leurs plus-values à Wall Street. //
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