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Stratégie : des positions tranchées (rédigé le 14/06/2016)
A en juger par les déclarations de nombreux gérants de fonds et portefeuilles, les fondamentaux du marchés se sont améliorés. L’épisode de baisse que nous connaissons depuis quelques jours ne serait donc que transitoire. Cette assurance est-elle feinte, car guidée par des intérêts bien compris, ou relève-telle de l’approche passivement optimiste qui est presque ontologiquement la leur ? A force de naviguer à vue, les indices pourraient évidemment être tentés de prendre le chemin de la hausse. Cela ne peut être exclu a priori, d’autant qu’à New York le S&P 500 reste proche d’une importante résistance. Mais ce type d’approche ne nous apprend rien. Ce qui relève du possible est évidemment imaginable : la belle affaire que voilà ! C’est ainsi que cette semaine, nous avons souhaité revenir sur des avis plus tranchés. Et ceux-ci s’accordent sur un point : les déséquilibres restent de mise et l’éventualité d’un mouvement de correction plus ample se renforce.
Nous n’avons ici accordé d’importance qu’à quelques intervenants : George Soros, Carl Icahn, Goldman Sachs, JP Morgan Chase et Carmignac. On ne prête qu’aux riches, pourrait-on nous rétorquer. Il s’avère toutefois que ces grandes maisons ou stratèges ont su se faire un nom sur leur aptitude à dégager de la performance dans la durée. Ce qui n’est pas une mince affaire, avouons-le.
George Soros, tout d’abord, est ainsi sorti de sa « retraite » pour reprendre les rennes de son fonds (30 Mds $ d’actifs). Celui-ci a tout de suite pris l’initiative de vendre des titres pour acheter de l’or (et des actions de mines d’or). Via des produits dérivés, il s’est également positionné contre les marchés d’actions américains pour lesquels il anticipe un prochain recul. Rappelons que la dernière fois qu’il s’est personnellement impliqué, il s’inquiétait de l’état de santé du marché immobilier américain. Nous étions alors en 2007... Actuellement, le milliardaire se fait pessimiste sur les perspectives économiques, en particulier en Chine et en Europe.
Carl Icahn, qui reste un investisseur très actif après s’être fait connaître du grand public dans les années 1980, évoque quant à lui les valorisations élevées des entreprises cotées, nourries par les conditions financières exceptionnelles que nous connaissons. « Je suis très prudent sur les actions aujourd’hui. Ce marché pourrait facilement connaître une grosse chute », a-t-il récemment averti. Et ce dernier de prendre des positions vendeuses à des niveaux historiquement très élevés.
Chez Goldman Sachs, la prudence est désormais de mise. Pour la banque d’affaires, le potentiel de hausse des marchés est épuisé à court (3 mois) et moyen (12 mois) terme. « Nous rétrogradons les actions à ‘neutre’ [...] pour des raisons liées à leur valorisation et à la croissance [des résultats] ». Pour Goldman Sachs, qui envisage plus volontiers une stagnation des indices qu’une chute conséquente, quatre risques pèsent sur la tête des investisseurs : un affaiblissement de la croissance chinoise, une montée générale du risque politique en Europe, un changement d’anticipations dans le cycle de remontée des taux de la Fed et une baisse des prix de certaines matières premières.
JP Morgan Chase, qui se fait moins tranchée que sa concurrente pour ce qui est des risques actuels, plaide malgré tout pour une approche très prudente « compte tenu du niveau déjà élevé des valorisations et des inquiétudes sur le récent rebond ».
Enfin, Carmignac évoque le manque de visibilité pour des risques qui s’accumulent : essoufflement de la croissance américaine), dégradation de la profitabilité des entreprises américaines, niveau des valorisations, ralentissement chinois et risque politique en Europe.
Ces avis nous confortent dans notre stratégie telle qu'expliquée au cours de ces derniers mois.
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