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Un point sur les valorisations (rédigé le 03/06/2010)
(02/06/2010) Depuis maintenant plusieurs semaines, les marchés d’actions traversent une période de fortes turbulences. Les investisseurs sont obnubilés par les difficultés budgétaires de la Grèce et craignent une contagion à l’ensemble des pays de la zone euro.
Mêmes les places américaines, peu sensibles dans un premier temps aux inquiétudes entourant la dette européenne et l’euro lui-même, ont fini par se retourner à la baisse. Alors que les opérateurs semblent succomber à une crise de paranoïa, il convient une fois de plus de conserver son sang-froid.
Dans cette optique, nous revenons cette semaine sur les niveaux de valorisation des actions. Avec, à la clef, un message rassurant.
Un marché européen nettement décoté
Et si l’euro disparaissait ? Et si la Grèce, le Portugal et l’Espagne faisaient faillite ? Et si l’Europe replongeait en récession ? À force de n’échafauder que les pires hypothèses, les investisseurs semblent oublier qu’une action reflète avant tout le prix d’une entreprise. Ainsi, alors que les Bourses reculent mais que les bénéfices des sociétés se sont retournés à la hausse depuis maintenant plusieurs mois, les coefficients de capitalisation (CCR) atteignent à nouveau des niveaux historiquement faibles. En zone euro, le CCR moyen calculé sur les profits des douze derniers mois ressort à 13,8. Si l’on se fonde sur les anticipations des analystes pour les douze prochains mois, la valorisation chute même à 10,9. Du jamais vu depuis mars 2009 qui avait constitué un point bas. En France, le CCR estimé pour l’exercice 2010 ressort ainsi à 11,5 alors que les profits des entreprises sont attendus en hausse de 36 %.
Certes, les turbulences politiques et financières en zone euro pourraient avoir un impact sur cette prévision (voir le marché interbancaire, page 12). Pour autant, les profits sont résolument orientés à la hausse et devraient au final afficher une croissance supérieure à 25 %. Or, sur cette base, le CCR 2010 du marché parisien ressort encore à 12,5, sous sa moyenne historique. Que dire encore des dividendes distribués ? Le rendement des actions européennes ressort à 3,3 % et il n’est pas loin des 4 % sur l’indice CAC 40. Rappelons que les obligations d’État françaises ne rapportent dans le même temps que 3 %...
Le marché américain est mieux valorisé, mais sans excès
Au titre du 1er trimestre, 80 % des entreprises composant le Standard & Poor’s 500 ont battu le consensus des analystes. L’écart moyen a atteint 14 %, soit le deuxième chiffre le plus élevé depuis la création du suivi en 1994. Pourtant, les titres des sociétés concernées ont perdu en moyenne 1 % le jour de l’annonce de leurs résultats. Il s’agit tout simplement de la pire performance des dix dernières années. Ce paradoxe a conduit le CCR du marché américain à reculer. Pour les bénéfices des douze derniers mois, il ressort à 15,3 tandis que pour les douze prochains mois, il s’élève à 13,1. Si la valorisation est bien plus généreuse qu’en Europe, elle reste là encore sous ses niveaux historiques. Les opérateurs les plus prudents mettent en avant que la base de comparaison sera moins favorable sur la seconde partie de l’année et que la baisse de l’euro face au dollar est négative. Ces éléments ont toutefois excessivement pesé alors que les profits des entreprises ont retrouvé une masse critique, inférieure de seulement 20 % à ce qu’elle était au 2ème trimestre 2007. En termes de rendement, l’attractivité des entreprises américaines est plus faible : il ne ressort qu’à 2 %.
Notre avis
Le marché américain n’est pas cher, loin de là. Son homologue européen est donc largement sous-valorisé. La décote dont souffrent les multinationales européennes n’est pas justifiée alors que leurs bénéfices croient aussi vite que ceux de leurs concurrentes américaines. Pour le reste, le marché japonais reste cher (CCR estimé de 17,3) tandis que les places émergentes semblent correctement valorisées (CCR estimé de 12, supérieur aux moyennes historiques).
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