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L'épouvantail de la dette publique (rédigé le 22/12/2009)
(22/12/2009) Récemment, le conseiller spécial de l’Élysée expliquait à qui voulait l’entendre que l’endettement grandissant de notre pays constituait un faux problème. L’épargne des ménages devait, selon lui, être agrégée aux dépenses de l’État. Au final donc, la situation de la France devenait excédentaire. Selon lui, la puissance publique peut disposer à son gré de l’effort d’épargne des Français. C’est évidemment partiellement vrai et cela s’appelle l’impôt. Pour autant, la situation ne saurait être si simple. Ainsi et depuis la décision de Dubaï de suspendre le remboursement de sa dette, les marchés s’inquiètent plus que jamais de l’endettement des États. Les difficultés rencontrées récemment par l’Irlande, la Grèce, proche de la faillite dit-on (voir PU n° 2397), et l’Espagne ne font que raviver les craintes des opérateurs et pénalisent les marchés de capitaux qui redoutent un krach obligataire.
Quelles dettes ?
Jean-Paul Betbèze, économiste au Crédit Agricole, use d’une terminologie que nous reprenons afin de mieux comprendre les différentes composantes de l’endettement des États. La dette fatale est celle qui provient de la chute d’activité : recettes fiscales amoindries et dépenses de fonctionnement fixes font progresser les déficits. La dette sociale est plus ancienne : elle nous renvoie à l’État providence dont les dépenses visent à réduire les inégalités et à son corollaire : le coût croissant de leur administration. Plus grave est la dette permanente qui vient d’un État qui dépense trop et ce de manière récurrente. Celle-ci peut vite devenir insoutenable, ce qui conduira les agences de notation à donner de la voix et aura pour conséquence de renchérir son coût. La dette de crise a pour sa part littéralement explosé : sont ici concernées les garanties offertes par l’État à certaines grandes sociétés, de manière plus ou moins ouverte, car leur faillite aurait des conséquences sociales jugées explosives. Enfin, il existe la dette stratégique, à savoir celle qui vient d’une dépense effectuée aujourd’hui pour permettre plus de croissance demain. Le Grand emprunt est censé appartenir à cette dernière catégorie. Espérons-le, toutefois. Les grands pays cumulent actuellement ces différentes difficultés. Avec le Grand emprunt, qui va être lancé prochainement, la France répond d’ailleurs présente sur ces cinq tableaux.
Quels risques ?
Le risque d’une envolée de l’endettement est de conduire les ménages, évidemment conscients de l’aggravation des finances et de la nécessité, un jour ou l’autre, de devoir rembourser les dettes, à privilégier l’épargne. Quoi qu’il en soit, personne n’est incité à investir ou à prendre des risques. L’investissement public remplace d’ailleurs celui qui vient habituellement du privé. Sauf que l’effet multiplicateur attendu est le plus souvent inexistant. Quand il ne s’agit pas même de pure destruction. Dès lors, la dette ne peut que s’accroître et s’accroître encore, sauf à envisager une rapide et drastique remontée des taux d’intérêt. Le krach obligataire pointe alors.
Quels remèdes ?
Comme nous l’avons déjà indiqué, les sorties de crise sont des périodes très délicates. La politique à mettre en œuvre se fait donc à plusieurs niveaux : maintenir une politique monétaire accommodante mais crédible (la remontée des taux doit être évoquée et non plus tue), le temps pour les États de réaliser des économies budgétaires. Voilà la première étape. Pas après pas, les agents économiques comprennent que la situation va en s’améliorant, réduisent leur épargne et investissent de nouveau. Si l’accès à l’argent est aujourd’hui très aisé, les politiques manquent encore le plus souvent de courage et n’insistent donc pas assez sur la réduction des dépenses.
Le risque d’un krach obligataire lié à l’endettement des États existe. Celui- ci ne trouvera toutefois pas sa source – hypothétique – dans une remontée brutale des taux d’intérêt, comme cela fut le cas en 1994 car les banques centrales ont appris du passé. Par contre, la dégradation par les agences de notation de la dette d’un grand pays ou l’insuccès d’une émission souveraine pourrait entraîner une remontée rapide des taux. Il convient de s’y préparer en privilégiant un endettement à taux fixe tout en restant éloigné des obligations à échéances longues (États comme entreprise) et/ ou à taux fixe.
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