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Les marchés s'interrogent (rédigé le 23/02/2021)

Le doute s’est installé sur les marchés cette semaine, sans remettre en question, pour autant, le biais optimiste des intervenants. Parallèlement aux signaux témoignant d’une réelle exubérance sur certains compartiments ou thématiques (le bitcoin dépassait les 50 000 $, voir ci-dessous), les investisseurs s’interrogeaient. Et plus particulièrement sur l’évolution des emprunts d’Etat et de l’inflation.

Ainsi, le 10 ans américain s’est tendu vers 1,40%. L’OAT à 10 ans, la référence française, atteignait -0,05%, au plus haut depuis juin dernier. Une surchauffe de l’économie, stimulée à la fois par les politiques monétaires ultra-accommodantes et les budgets expansionnistes des Etats, pourrait-elle contraindre les banques centrales à remonter les taux et ainsi priver les marchés du précieux carburant des liquidités ?

Dès lors, les titres des grandes capitalisations de la technologie américaine, particulièrement chers, faisaient l’objet de quelques prises de bénéfices. Dans le même temps, les institutions comme la Fed, dans les minutes de sa dernière réunion monétaire, ou le FMI, continuaient de juger les craintes d’inflation exagérées. Et en Europe, Christine Lagarde de la BCE assurait "surveiller de près" les rendements nominaux des emprunts d’Etat pour évaluer si les conditions de financement sont toujours favorables.

Sur le front des statistiques, les signaux en provenance des Etats-Unis se sont avérés globalement décevants. Par exemple, les inscriptions hebdomadaires au chômage se sont élevées à 861 000 contre 775 000 attendu, tandis que les mises en chantier de logements reculaient de -6% en janvier. Voilà pourtant qui réduit tout risque de surchauffe et aurait donc dû plaire. Mais c’était sans compter sur la forte hausse des ventes de détail. Celles-ci ont rebondi bien plus fortement qu’attendu sur le mois de janvier. Selon les données fournies par le Département du Commerce, cet indicateur de la consommation des ménages a bondi de +5,3%, là où les économistes prévoyaient pour leur part une hausse limitée à +1,1%. Les ventes au détail hors automobiles et carburants ont elles aussi accéléré, avec une progression de +6,1%. En excluant également les matériaux de construction et les services alimentaires, les ventes au détail progressaient de +6% sur la période. L’accueil des marchés a été plus que réservé : le dynamisme des ventes de détail laisse penser que les stimuli budgétaires pourraient être révisés en baisse.

Enfin, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen n’y est pas allée par quatre chemins. Interrogée sur le bitcoin, elle a jugé cet instrument "extrêmement inefficace" pour mener des transactions et a rappelé qu’il était souvent utilisé "pour la finance illicite". Ces propos ont contribué à faire reculer la cryptomonnaie qui, après avoir atteint dimanche un nouveau record à plus de 58 000 $, évoluait mardi matin dans la zone des 48 000 $. //

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