« Tech US » : les géants sont-ils trop riches ?

Les grandes sociétés comme Microsoft, Nvida, Apple et Amazon sont-elles trop riches ?
Les géants américains de la technologie affolent les compteurs en termes de dépenses d’investissement liées à l’Intelligence artificielle (IA). Est-ce véritablement un signal positif ?

Peut-on être un mastodonte en situation de quasi-monopole et, dans le même temps, à la pointe de l’innovation technologique ? C’est la question qui semble désormais se poser pour cinq des « Sept Magnifiques », à savoir Apple, Amazon, Alphabet, Meta et Microsoft (nous excluons ici Tesla et Nvidia, qui, à notre sens, font face à d’autres problématiques). Les dernières publications de résultats trimestriels de ces géants n’ont pas suscité un réel enthousiasme chez les investisseurs. Pourtant, la croissance a été la plupart du temps au rendez-vous. Et des dizaines de milliards d’investissements ont généralement été annoncés. Sauf que pour les marchés, cette frénésie dépensière commence justement à susciter des doutes en termes « d’efficacité de la dépense ».

Microsoft : ralentissement dans le cloud

Prenons par exemple le cas de Microsoft. La firme de Redmond a dévoilé une croissance de +16% pour le 1er trimestre de son exercice décalé 2025/2026 et une progression de +10% de son bénéfice par action. Pour ces deux indicateurs, le consensus des analystes a été battu. En termes de prévisions, Microsoft a en revanche indiqué que sa division cloud allait ralentir ce trimestre en raison de contraintes concernant les capacités de ses centres de données. Et le groupe d’annoncer vouloir y investir cette année 80 Mds $ (soit quasiment l’intégralité de ses profits 2024) afin de développer son Intelligence artificielle (IA). Le marché n’a pas apprécié : le titre est au plus bas depuis septembre 2024.

Amazon : 105 Mds $ d'investissements

Pour Amazon, le bénéfice net a bondi de plus de +85% pour dépasser le consensus à hauteur de 20 pts de pourcentage. La croissance des ventes a par ailleurs atteint +10%. Malgré cela, dans le cloud, le chiffre d’affaires est ressorti à +19%, ce qui a été perçu comme un peu court. Amazon a d’ailleurs expliqué, comme Microsoft, voir son développement contraint par des capacités insuffisantes. La conséquence est la même : le groupe estime devoir investir 105 Mds $ (deux fois son résultat 2024…) sur l’exercice pour libérer le potentiel de son offre. Le titre a, là aussi, mal réagi.

Alphabet investit dans les infrastructures

Passons à notre Favorite Alphabet. Même schéma : le groupe est en croissance (+12%), mais elle ralentit, tandis que le bénéfice (+28%) ressort au-dessus des attentes. Le groupe a informé ses actionnaires de sa volonté d’investir 75 Mds $ dans ses infrastructures pour accélérer dans l’IA… Et comme pour ses deux « compères », l’action a chuté.

Meta récolte déjà le fruit de ses efforts

En ce qui concerne Meta, la réaction des investisseurs a, en revanche, été plus favorable. L’action, à un plus haut historique, progresse d’ailleurs de +25% depuis le 1er janvier. Pourtant, le groupe a également annoncé de lourds investissements (jusqu’à 65 Mds $) afin d’accumuler les composants nécessaires au développement de l’IA. Mais différence notable, Meta est parvenu à démontrer que ses efforts dans ce domaine se traduisent par un meilleur ciblage publicitaire et, mécaniquement, par une hausse du revenu par utilisateur de ses services. En clair, Meta récolte déjà les fruits de ses efforts, ce qui a été salué.

Apple reste en retrait

Du côté d’Apple, la direction a décidé de maintenir un niveau d’investissement stable en 2025, avec un budget prévisionnel de seulement 12 Mds $. La firme de Cupertino a clairement fait le pari de rester en retrait et d’observer le travail de la concurrence. Ses dépenses d’investissement, rapportées à sa valeur d’entreprise, sont ainsi 5 à 10 fois inférieures à celles des autres géants. L’action Apple a-t-elle été sanctionnée ? Non. Preuve que la dépense « massive » n’est plus perçue comme la seule et unique voie.

Le marché est porté par le développement de l’IA depuis maintenant deux ans. Mais les investisseurs se font plus impatients et veulent désormais en avoir pour leur argent. Or, au regard des progrès affichés par des sociétés dont les moyens financiers sont limités (DeepSeek), les dépenses annoncées par Microsoft, Amazon et Alphabet inquiètent. Souvenons-nous que l’innovation provient rarement de groupes monopolistiques. Il ne s’agit pas ici d’annoncer la prochaine déroute de ces géants (ils sont bien trop puissants), mais il nous semble que le retour sur investissement devrait être meilleur à moyen terme au sein d’entreprises plus mobiles… et moins riches.

 

Copyright (c) Propos Utiles / Tout droit de reproduction interdit

Découvrez