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Stabilisation fragile des marchés (rédigé le 25/03/2020)

Le pire est-il passé ? S’il semble encore prématuré d’évoquer un rebond des marchés et la fin de l’épidémie du coronavirus (ce moment arrivera pourtant, soyez-en sûr), l’évolution des indices européens au cours de la semaine écoulée a constitué une petite satisfaction pour les investisseurs.

 

Celle-ci doit s’apprécier évidemment par-delà le bilan humain catastrophique de ces derniers jours et au regard du décrochage inédit des Bourses mondiales observé en l’espace de trois semaines seulement. D’ailleurs, la volatilité reste de mise, preuve que la situation, sanitaire comme économique, ne peut être encore jugée rassurante. Prudence donc, comme nous vous le rappelons de nouveau, malgré la meilleure fortune observée depuis trois jours sur les marchés financiers.

 

En effet, sur le Vieux Continent, les mesures de confinement se poursuivent et elles se durcissent même parfois. Ce qui met à l’arrêt de nouveaux secteurs d’activité. Mais surtout, de l’autre côté de l’Atlantique où l’épidémie est arrivée plus tardivement, les mesures prophylactiques adoptées dans les grandes métropoles américaines vont à leur tour peser sur l’économie.

 

Selon le décompte réalisé par Les Echos, près de 1 milliard de personnes sont actuellement appelées à rester chez elles (en date du 23 mars, ndlr). Le risque d’une récession mondiale est donc patent. Certains évoquent d’ailleurs le spectre de la Grande dépression de 1929. Gardons-nous de tomber dans la facilité de ce type de comparaisons totalement anachroniques. En effet, les forces et les faiblesses de l’économie mondiale ne sont pas les mêmes, près d’un siècle plus tard. Par ailleurs, en Asie où l’épidémie a pris forme fin 2019, la vie sociale et économique commence à reprendre un cours plus normal. Et même à Wuhan, son épicentre.

 

S’il y a évidemment lieu de se réjouir de l’amélioration de la situation dans cette partie du monde, il reste bien péremptoire d’envisager une sortie de crise générale dès maintenant alors que l’Occident est littéralement à l’arrêt. Et les analystes s’en sont faits l’écho cette semaine.

 

Pour le Vieux Continent, Deutsche Bank prévoit ainsi une baisse du PIB en 2020 de -2,9% et de -3,3% en Allemagne. Goldman Sachs table pour la zone euro sur une chute du PIB de -1,7%. Aux Etats-Unis cette fois, Deutsche Bank anticipe une contraction de -13% au 2ème trimestre par rapport à la même période une année plus tôt. La banque Morgan Stanley s’attend pour sa part à une contraction de l’activité inédite depuis 74 ans. Enfin, Goldman Sachs table désormais sur une contraction annualisée du PIB américain au 2ème trimestre de -24% dans un contexte "d’arrêt brutal de l’économie". "Une baisse de cette ampleur serait près de deux fois et demie plus importante que la plus forte baisse trimestrielle de l’histoire des statistiques modernes du PIB", souligne la banque d’affaires. Et tous ces analystes, que ce soit pour le Vieux Continent ou les Etats-Unis, d’anticiper une envolée du chômage.

 

D’une manière générale, la majorité des prévisions jouent la carte d’une conjoncture en "V" : à l’effondrement du 1er et 2nd trimestre succéderait un rebond très net de l’activité. C’est là une hypothèse forte qui se devra d’être validée. Mais sans certitude pour l’heure sur ce point, la stabilisation actuelle des marchés paraît d’évidence fragile.

 

Dans ce cadre, les banques centrales ont évidemment répondu présent. Le logiciel qui est le leur depuis maintenant de (trop) longues années ne leur permettait évidemment pas de botter en touche. La Fed a initié le mouvement il y a déjà deux semaines et abaissé, finalement, ses taux d’intérêt à 0%/0,25%. Et le lundi 23 mars, elle annonçait un nouveau plan de mesures (soutien aux marchés des prêts étudiants, du crédit à la consommation, prêts garantis par l’état aux petites entreprises, achats d’obligations émises par des grandes entreprises et prêts relais dont la durée pourra atteindre quatre ans). La Réserve fédérale américaine a sorti son "bazooka" et indique ainsi clairement aux marchés qu’elle agira, et ce finalement quoi qu’il en coûte.

 

Son bilan a d’ailleurs atteint le montant record de 4 700 Mds $, ce qui constitue un record. Il est vrai que quelques jours avant ces annonces, James Bullard de la Réserve fédérale se montrait particulièrement inquiet. Pour le responsable de la Fed de Saint-Louis, le taux de chômage pourrait atteindre 30% de la population active aux Etats-Unis, soit un chiffre trois fois plus élevé que lors de la dernière crise de 2008.

 

La Banque centrale européenne (BCE) pourrait également tirer prochainement de nouvelles cartouches. Elle se déclarait en effet "prête à faire davantage encore, si nécessaire", après avoir, cette semaine, dégainé un plan d’urgence massif de 750 Mds € destiné à ramener le calme sur les marchés obligataires. Les taux des emprunts d’état se détendaient d’ailleurs sur la nouvelle (le 10 ans italien qui culminait à 2,4% revenait ainsi à 1,6%). Le "QE" atteint donc désormais un niveau jamais vu...

 

Si les considérations d’ordre monétaire continuaient de retenir l’attention et permettaient sans aucun doute aux indices de stopper leur dégringolade, les regards se sont également tournés cette semaine vers les dirigeants politiques, appelés eux aussi à la rescousse.

 

Durant ces derniers jours, les annonces de plan de relances budgétaires se sont succédé et les sommes annoncées faisaient littéralement tourner la tête (en Europe, la BCE va avoir fort à faire pour permettre aux marchés de digérer un tel stock d’émissions de dette). Ainsi, l’Allemagne envisage un fonds de 500 Mds € destiné à fournir de garanties voire à apporter directement des capitaux aux entreprises en difficulté. Un budget de crise de 100 Mds € serait également dans les tuyaux. La France va également laisser filer son déficit. Pékin, pour sa part, se prépare à dévoiler un plan de soutien pour l’équivalent de 130 Mds € visant à stimuler les investissements dans les infrastructures (encore...). Aux Etats-Unis, les négociations parlementaires sont en cours sur un plan d’envergure de l’ordre de 1 000 Mds $. Par delà les mesures de soutien presque "habituelles", on relèvera que la 1ère économie mondiale s’apprête également à verser directement de l’argent aux ménages afin de stimuler leur consommation. D’un point de vue global, le soutien des états dépasse déjà celui de 2008. Et rien ne dit qu’ils s’arrêteront là. Cette véritable "Blitzkrieg" est parvenue d’évidence à limiter le recul des Bourses. Mais l’heure du rebond n’a visiblement pas encore sonné.

 

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