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Un rebond pour la fin de trimestre (rédigé le 01/04/2020)

Après un mois de mars des plus éprouvants, les marchés se sont quelque peu rattrapés avec une bonne fin de trimestre. La stabilisation entr’aperçue la semaine passée s’est en effet muée en un rebond plus franc. L’ensemble de la cote était bien orienté, même si les grandes capitalisations ont été logiquement privilégiées. Alors que les banques centrales et les Etats ont dévoilé des mesures inédites pour soutenir l’économie et éviter une dépression, un courant acheteur a pris forme, certains investisseurs cherchant déjà à se positionner pour jouer la prochaine reprise.

 

Le mouvement de hausse a toutefois été amplifié par des rachats de ventes à découvert et un repositionnement mécanique des fonds d’investissement. A l’approche de leur bilan trimestriel, ces derniers sont en effet tenus de maintenir une exposition minimum aux actions. Or, la récente chute avait conduit la plupart d’entre eux à ne plus respecter leurs obligations en la matière. Ce soutien majeur est toutefois appelé à disparaître à compter du 1er avril.

 

Au fil de la semaine, les données macroéconomiques dévoilées dans les pays occidentaux ont commencé à refléter la réalité du choc enregistré sur l’activité depuis l’apparition du covid-19. Aux Etats-Unis, 3,28 millions de personnes se sont ainsi inscrites au chômage, alors qu’elles n’étaient que 250 000 en moyenne à le faire au cours des semaines précédentes. Il s’agit d’un record historique. Le taux de chômage, qui ressortait à 3,5% de la population active, est désormais attendu à plus de 10% dans les prochaines semaines.

 

De notre côté de l’Atlantique, l’indice PMI composite d’IHS Markit a plongé à son niveau le plus bas depuis sa création il y a près de deux décennies. Le chiffre est passé de 51,6 en février à 31,4 en mars. Dans le détail, il ressort que les services ont été les plus durement impactés, avec un PMI qui est passé de 52,6 en février à 28,4 en mars. Le secteur manufacturier a en revanche mieux résisté avec un PMI à 39,5, contre 48,7 en février. Certaines entreprises industrielles ont en effet pu poursuivre une partie de leur activité. Quoi qu’il en soit, le repli de l’indice composite équivaut, selon les économistes, à un recul du Produit intérieur brut trimestriel de -3%, déjà supérieur au pic enregistré durant la grande crise financière début 2009 (-2,5 %).

 

En Allemagne, l’indice IFO du mois de mars, qui mesure le sentiment dans les milieux d’affaires, a pour sa part plongé à 86,1 (contre 96 en février), son plus bas niveau depuis 2009. Il enregistre ainsi sa plus forte contraction mensuelle depuis 1991. La visibilité étant totalement absente, l’indice des prévisions futures a logiquement enregistré le recul le plus marqué, passant de 93,2 à 79,7.

 

Au final, la seule bonne nouvelle macroéconomique est venue de Chine où l’indice PMI manufacturier, calculé par le très officiel Bureau national des statistiques (BNS), a progressé à 52 en mars, après avoir chuté à 35,7 le mois précédent. On attendra toutefois de connaître l’évolution des PMI Caixin/Markit pour se faire une véritable idée du redémarrage de l’économie chinoise.

 

Dans le cadre de son programme de 750 Mds € visant à contrer les effets de la pandémie de covid-19, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de ne plus appliquer ses propres règles limitant les rachats de dette souveraine. En temps normal, l’institution ne peut en effet acquérir plus de 33% de la dette d’un pays. Ce changement de doctrine vise à lui donner toute latitude pour contrer une envolée des taux d’intérêt dans un pays de la zone euro (comme l’Italie, par exemple...). La limite de 33% avait pourtant été validée fin 2018 par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). En la contournant, la BCE prend le risque d’être poursuivi par les partisans de l’orthodoxie monétaire comme l’Allemagne ou les Pays-Bas.

 

Aux Etats-Unis, et après les nombreuses annonces de la Fed, l’effort est cette fois venu du gouvernement fédéral. Le Président américain, Donald Trump, a en effet signé la promulgation d’un plan de soutien à l’économie de 2 000 Mds $. Dans le détail, 500 Mds $ et 350 Mds $ de prêts et subventions sont respectivement destinés aux groupes industriels les plus affectés et aux petites entreprises. En outre, 290 Mds $ d’aides directes sont également prévues pour les ménages (jusqu’à 3 000 $ par foyer devraient être versés dans un délai de trois semaines). Les mesures d’aides aux chômeurs s’élèveront, quant à elles, à 250 Mds $ (les droits à indemnisation, généralement accordés pour cinq à six mois, seront allongés de 13 semaines et accompagnés d’une hausse des plafonds d’indemnisation). Enfin, 100 Mds $ et 150 Mds $ sont prévus pour le système de santé et les Etats. Au total, les sommes prévues dans ce plan de soutien sont supérieures au montant total des dépenses publiques des Etats-Unis pour la défense, la recherche scientifique, la construction de routes et les autres dépenses discrétionnaires contrôlées par des lois de crédits.

 

Si le rebond des actions a été impressionnant, les cours du pétrole sont pour leur part restés mal orientés. L’or noir de qualité WTI a ainsi enfoncé pendant un instant le seuil des 20 $, tandis que d’autres variétés nord-américaines cotent moins de 10 $. Dans certaines zones enclavées, le cours du baril est même négatif, les producteurs locaux étant incapables de stocker leur pétrole. La stratégie de l’Arabie Saoudite et de la Russie, visant à inonder le marché pour "détruire" la concurrence américaine, a d’autant plus d’impact sur les prix qu’elle intervient à un moment où la demande est en net repli (-25% selon les premières estimations, en raison de l’arrêt des vols et de la circulation des véhicules dans de nombreux pays). D’ores et déjà, les fermetures de puits s’accélèrent dans le bassin permien et au Canada, tandis que le Texas réfléchit à limiter sa production. Un recours excessif à l’effet de levier pour financer l’exploration met à mal de très nombreux producteurs qui vont faire ainsi faillite. Pour l’heure, Donald Trump semble hésiter à venir en aide au secteur. Il a en revanche tenté d’interférer pour faire fléchir l’Arabie Saoudite, mais sans succès. L’effondrement du secteur pétrolier américain n’est pas sans conséquence pour les banques qui ont beaucoup prêté.

 

Notons enfin que le rebond des actions a été accompagné d’une détente sur le VIX, lequel est revenu à son niveau du 10 mars. Pour autant, cet indicateur reste historiquement haut, ce qui traduit un manque de visibilité et une nervosité persistante sur les marchés. //

 

Retrouvez le sommaire du numéro de la semaine ici

 

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