Percée technologique de DeepSeek, droits de douane de Donald Trump et résultats trimestriels : les investisseurs doivent digérer d’importantes annonces en ce début d’année.
Irruption de DeepSeek
L’actualité économique et financière du premier mois de l’année a été des plus riches. L’irruption de DeepSeek a notamment constitué un choc pour le secteur technologique, engagé dans une course à l’Intelligence artificielle (IA). Alors que les géants américains dépensent des dizaines de milliards de dollars pour accroître leurs infrastructures et leurs ressources de calcul, les modèles de langages présentés par le chinois DeepSeek, développés pour un coût a priori très inférieur (le ratio serait de 1 pour 150…) et sans les puces Nvidia les plus récentes (pour cause d’embargo), ont bluffé les utilisateurs. A tel point que Washington a lancé une enquête pour savoir si, véritablement, DeepSeek n’aurait pas eu accès aux puces H100 de Nvidia d’une manière détournée.
Premier enseignement de 2025 : la pénurie de ressources dans l'IA stimule l'innovation
En réalité, même si DeepSeek a pu enjoliver sa prouesse, il semble que celle-ci repose bien sur des techniques de formation innovantes de l’IA qui permettent de réduire les besoins en mémoire et semi-conducteurs. La pénurie de ressources, plus forte en Chine qu’ailleurs, a sans nul doute stimulé l’innovation. L’optimisation des infrastructures dédiées à l’IA devrait avoir pour conséquence de faire reculer les coûts pour les éditeurs de logiciels. C’est une bonne nouvelle pour ces derniers qui vont pouvoir accélérer le développement d’applications nouvelles et rémunératrices. Nous y reviendrons dans un prochain numéro. C’est également une bonne nouvelle pour le secteur technologique chinois. Pour les fabricants de puces et les opérateurs de centre de données, il pourrait en revanche s’agir d’un tournant défavorable.
Deuxième enseignement de 2025 : la Bourse n'est pas (encore) la priorité de Trump
Les droits de douane constituent l’autre dossier majeur de ce début d’année. Alors que le marché espérait voir Donald Trump s’en tenir à des menaces pour négocier avec les partenaires commerciaux des états-Unis, l’hôte de la Maison Blanche a choisi d’opérer une première « frappe » contre le Canada, le Mexique et la Chine afin de démontrer qu’il ne bluffait pas. Ce geste démontre une chose : Donald Trump compte aller vite et obtenir des résultats, quoi qu’il en coûte à court terme, notamment pour les marchés financiers. Ainsi, on se souviendra que lors de son premier mandat, le Président américain ne cessait de communiquer sur la hausse des indices boursiers et sur les records à venir. Ce n’est pas le cas actuellement. Sa priorité est, pour l’heure, ailleurs. Ce qui ne veut pas dire, pour autant, que Wall Street est condamnée à baisser. D’ailleurs, au regard des annonces faites et du regain de volatilité enregistré (cette dernière avait disparu sous l’ère Biden), les indices semblent plutôt bien encaisser le choc. Remarque : la mise en place des droits de douane, annoncés comme inflationnistes, a plutôt fait reculer les rendements obligataires. Traduisant plus la crainte d’un effet négatif sur la croissance que d’un sursaut des prix. Nous conservons un biais « haussier » sur les obligations américaines en anticipant un repli des taux (comme en Europe d’ailleurs).
Troisième enseignement de 2025 : les géants de la technologie impressionne moins
Ces premières semaines sont aussi marquées par les publications de résultats trimestriels. Or, ces derniers sont plutôt bons. Alors qu’un grand tiers des entreprises du S&P 500 ont dévoilé leurs comptes, la croissance des profits ressort à +13,2%, contre 11,8% attendu au 31 décembre dernier (source Factset). Si le consensus n’est battu que de +5% en moyenne, contre +8,5% au cours des cinq dernières années, il ressort que la hausse des profits n’avait plus été aussi forte depuis le dernier trimestre 2021. Parallèlement, les publications des géants Microsoft, Apple ou Meta n’ont pas particulièrement impressionné. A notre sens, le potentiel des « 7 Magnifiques » se réduit. Le scénario le plus favorable pourrait ainsi être une rotation vers le reste de la cote, si l’atterrissage en douceur reste d’actualité.
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