Questions / réponses

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Retrouvez ici une sélection de questions posées par les abonnés et nos réponses.

L´action Capgemini qui a bien baissé vous semble-t-elle un bon achat aux cours actuels ?

Le titre Capgemini, qui a inscrit un plus haut historique en mars dernier, s’est en effet brutalement retourné. Il abandonne -35% depuis ses plus hauts et -20% depuis le début de l’année. Ce repli est lié à une nette dégradation de la performance du groupe sur l’exercice en cours. La direction table désormais sur un recul des revenus annuels de l’entreprise de -2% à -2,4% à taux de change constant, alors qu’elle anticipait encore, voici deux mois, une croissance de +0,5% à +1,5%. En réalité, Capgemini souffre de son exposition aux secteurs de l’industrie (dont l’automobile…), des biens de consommation et du commerce de détail, plutôt mal orientés. Autre problème : le groupe souffre aux Etats-Unis (-3,9% au 3ème trimestre par exemple) alors que la diversification opérée vers ce pays visait bien évidemment à profiter du dynamisme de l’économie locale. Ce que parvient à faire Accenture par exemple. Les dirigeants ont d’ores et déjà indiqué qu’il n’y avait rien à attendre du dernier trimestre. Qu’en sera-t-il de l’exercice 2025 ? Plusieurs études tendent à montrer que l’apathie des ventes mesurée en 2024 aura un impact sur 2025. Le seul point positif a jusqu’ici été la résistance des marges. Mais celles-ci pourraient se détériorer sur le prochain exercice. Les estimations de profits sont ainsi inscrites dans une dynamique « baissière » depuis juillet 2023. Et pour l’heure, il est difficile d’anticiper un retournement. Rappelons que le groupe est exposé à hauteur de 20% à la France et de 30% à l’Europe. Bref, nous restons à l’écart du dossier.

Je suis « scotché » avec Pfizer depuis assez longtemps… et en moins-value. Je pense la vendre pour aller sur du monétaire américain encore intéressant et/ou sur l’ETF obligataire que vous avez conseillé (Xtrackers US Corporate Bond). Pfizer ne fait rien en Bourse et désormais, de possibles ennuis se profilent avec la future administration Trump. Qu’en pensez-vous ?

Le titre Pfizer est effectivement proche de ses récents plus bas. Sa performance sur 12 ans est par ailleurs nulle, hors dividendes. Ces derniers ont tout de même été très généreux. Rien que cette année, le groupe a distribué 1,68 € par action, ce qui représente un rendement de 6,4%. Son historique en la matière est en outre solide puisque le dividende est relevé chaque année depuis 2009. Le problème est qu’au fil des ans, Pfizer a été contraint de verser une part toujours plus importante de ses profits pour tenir le rythme. Son taux de distribution est désormais de 100%, ce qui ne laisse pas de marge de manœuvre. Sur le plan opérationnel, le succès du vaccin contre le covid-19 a constitué un cadeau empoisonné. L’épidémie ayant été plus brève que prévu, l’effet de base a rapidement été négatif. Et les investisseurs se sont mis à s’inquiéter de la capacité du groupe à trouver des relais de croissance. Le laboratoire a ainsi été contraint d’abandonner le développement d’un médicament contre l’obésité. Et il a dépensé des milliards dans des acquisitions dont les perspectives s’avèrent décevantes. Le groupe est désormais la cible d’un fonds activiste (Starboard Value), ce qui pourrait enfin constituer un électrochoc, mais il est difficile d’imaginer un impact très positif à court terme. En ce qui concerne l’administration Trump, celle-ci envisage effectivement de réformer les agences fédérales de santé, ce qui pourrait durcir les relations avec un groupe comme Pfizer.

L’économie indienne est restée robuste ces dernières années. Vous avez évoqué l’ETF Amundi MSCI India dans un passé récent. Compte tenu de l’instabilité économique inhérente à la politique arbitraire du Parti communiste chinois et en dépit de la hausse récente des Bourses de Hong Kong et Shanghai, pensez-vous que cet ETF indien peut être un bon substitutif à la Chine ?

Au cours des dernières années, le marché indien a été privilégié par les investisseurs. La forte croissance du pays a attiré les capitaux étrangers en quête d’alternative à la Chine de Xi Jinping, jugée hostile aux entreprises. Les valorisations du marché indien ont ainsi progressé, à rebours de celles de la plupart des marchés émergents. Depuis quelques mois, les autorités chinoises semblent comprendre que les difficultés économiques constituent un risque pour la stabilité de leur pouvoir. La croissance est redevenue la priorité n°1. Dès lors, il nous semble qu’il est un peu tard pour voir dans l’Inde un substitutif de la Chine. Les flux sont, semblent-il, en train de s’inverser. Si vous souhaitez agir de manière équilibrée, il est peut-être plus judicieux de vous tourner vers notre Favorite, l’ETF Amundi PEA Emerging Markets Asia.

Votre conseil d’achat dans le secteur de la robotique sous forme d’un ETF me paraît pertinent. Mais aussi bien chez Bourse Direct que chez Boursobank, le titre n’est pas admis à la négociation, quelque soit la place. Peut-on dans ces conditions se tourner vers l’ETF de BlackRock (iShares Automation & Robotics / IE00BYZK4552 / RBOE) ?

Oui, c’est tout à fait une possibilité. Il est toujours difficile de trouver un ETF accessible chez tous les courtiers. Nous en étions conscients en réalisant cette étude et c’est pourquoi nous avons présenté en détail les deux produits, lesquels restent très similaires dans leur évolution.

J’ai une ligne de 165 Stellantis. Le dividende brut est donc de 165 X 1,34 €, soit 221,10 €. En tenant compte de la taxe forfaitaire de 30%, on obtient le dividende net de 154,77€. Hors la banque ne m’a versé que 121,58€. Du fait que Stellantis n’a pas son siège en France, est-ce qu’une taxe suplémentaire est prélevée ?

Stellantis est de droit hollandais (voir ainsi le sigle NV après son nom qui signiffie Naamloze vennootschap). De fait, les dividendes subissent une taxation à la source de 15% par l’administration fiscale hollandaise, ce qui explique la différence que vous mettez en avant. Ces mêmes dividendes sont ensuite imposés comme des dividendes français, mais vous bénéficierez d’un crédit d’impôt égal à l’impôt payé en Hollande, du fait de l’existence d’une convention fiscale de non double imposition conclue entre ce pays et la France.

J’ai suivi votre conseil et ouvert un compte chez Degiro. Après trois ans, j’en suis pleinement satisfait. Mais de nouvelles conditions sont annoncées : une taxe mensuelle de 2,5 € et, surtout, une gestion des liquidités qui me paraît incompatible avec la saine gestion d’un portefeuille puisque se limitant à un dépôt de 2 500 €, le surplus étant viré sur le compte bancaire de contrepartie. Qu’en pensez-vous ? Sachant que j’ai, aussi, ouvert un compte chez Binck, quels autres intermédiaires pouvez-vous nous conseiller ?

Effectivement, Degiro a annoncé une profonde modification de ses conditions générales qui interpelle. En premier lieu, les 2,5 € sont présentés comme étant le prix d’un abonnement, équivalent à celui proposé par plusieurs sociétés de media. Cet abonnement ne concerne que les actions américaines. Mais dans un premier temps, seulement, comme l’indique le courtier, sans plus de précision. Compte tenu des frais très réduits chez cet intermédiaire, cette nouveauté n’affecte qu’à la marge son avantage concurrentiel. Le problème est tout autre avec la gestion des liquidités. Voilà qui change la donne radicalement et empêchera d’être réactif. Cette nouvelle politique va, de tout évidence, leur faire perdre beaucoup de clients. Il n’est pas exclu que Degiro revienne sur sa décision, même s’il s’agit là d’une hypothèse. Les virements instantanés peuvent être une solution, mais leur montant et souvent limité. Il existe d’autres courtiers (Boursorama, Fortuneo) mais leurs frais sont bien plus élevés. A suivre, nous l’espérons.

Que pensez-vous de Wallix (FR0010131409) ?

Ce groupe est spécialisé dans la sécurité informatique, un secteur très concurrentiel et aux perspectives alléchantes. L’augmentation de capital de 2018 a pénalisé l’action qui évolue maintenant étroitement, dans de basses eaux. Les volumes quotidiens sont peu élevés, au contraire de la valorisation (CCR de 50 fois les profits estimés pour 2019). En 2018, la croissance de ses produits a été inférieure à celle de ses charges, ce qui est un motif d’inquiétude. Certains parient toutefois sur le rachat de la société par un de ses (nombreux) concurrents. C’est une possibilité. Ce dossier est dès lors très spéculatif.

Entendu ce jour, une recommandation sur Lumibird (FR0000038242). Qu’en pensez-vous ?

Le groupe a connu un début d’année dynamique avec une augmentation de son chiffre d’affaires de +33,9% à changes constants. Le spécialiste des technologies laser à usage scientifique et médical a maintenu ses prévisions annuelles. L’annonce d’une augmentation de capital via un placement privé n’a pas effrayé les invezstisseurs, d’autant que la société a levé à cette occasion 5 M € de plus que prévu. La valorisation est sans doute un peu élevée (CCR supérieur à 20 fois les profits estimés pour 2019), mais la croissance est au rendez-vous. Une acquisition ferait sens et pourrait redonner de l’allant à la valeur. Attention, les volumes quotidiens sont assez étroits.

Que pensez-vous de la société Solutions 30 ?

Cette société française est spécialisée dans les services informatiques pour les secteurs des télécoms, de l’audiovisuel et de l’énergie (compteurs Linky, entre autres). Son chiffre d’affaires s’est établi à 176,6 M € au 1er semestre 2018, en progression de +37% à périmètre constant. Le groupe reste confiant en termes de perspectives et évoque une croissance dynamique et rentable. La montée en puissance des contrats en cours (avec EDF en France, Vodafone et Deutsche Telekom en Allemagne) et le démarrage des contrats nouvellement signés (Telenet, DXC…) permet de se montrer confiant sur ce dossier. Il n’en demeure pas moins que l’action est chère (le CCR 2018 dépasse ainsi 45 fois les profits attendus) après un parcours très favorable cette année (+70% environ) et un gain de +1 700% en cinq ans. Il est toujours difficile de se placer sur ce type de valeur, sachant que toute déconvenue occasionnera une chute significative du titre. Ce moment (s’il arrive) pourra être mis à profit, le cas échéant.

Qu’elle est votre opinion sur Nexans ? Cette belle valeur n’est-elle pas une « recovery » en passe de prendre enfin un nouveau départ ? Vous semble-t-il judicieux d’affirmer que « quel que soit le moyen de produire de l’électricité, il faudra toujours des câbles pour la transporter » et donc que le métier de Nexans est à la fois incontournable et porteur d’avenir ? Est-ce le bon moment de reconstituer une ligne ?

Les prévisions de Nexans à l’horizon 2022 (plan « Paced for growth ») n’ont guère été appréciées par les marchés. Celles-ci se sont avérées sans grande surprise. La croissance attendue des ventes est par ailleurs jugée bien trop faible, dans un premier temps. La hausse étroite du bénéfice qui en découlera devrait du même coup réduire la possibilité d’une appréciation significative du titre. Par ailleurs, la concurrence va devenir plus importante suite au rachat de General Cable par Prysmian, une opération qui va donner naissance à un géant dans le secteur alors que les pressions sur les prix y sont déjà conséquentes (il existe d’importantes surcapacités dans plusieurs régions du globe). Nexans lorgne de son côté la branche câbles sous-marins d’Alcatel, mais rien n’a été signé pour l’heure. Ce dossier, que d’aucuns espèrent être en pleine transition, ne manque pas d’intérêt mais nous jugeons qu’il est encore trop tôt pour passer à l’achat, sauf à vouloir jouer un hypothétique rebond d’un peu moins de 10 % sur les cours actuels en direction des 55 € (sommet touché à plusieurs reprises).

Que pensez-vous de STMicroelectronics sur les niveaux actuels ?

STMicroelectronics a fait état d’une croissance de ses ventes de + 11,1 % au 3ème trimestre pour une marge brute de 39,5 %, soit des performances supérieures aux attentes et dans le haut des prévisions de la société. Le groupe est un des fournisseurs du géant américain Apple, ce qui a constitué un élément central dans l’appréciation du titre. Ce dernier a ainsi gagné + 73 % depuis le 1er janvier (et + 231 % sur 3 ans). Il reste que la valorisation du groupe est élevée (24 fois les profits estimés). Récemment, plusieurs analystes se sont d’ailleurs inquiétés de la cherté des fabricants de semi-conducteurs. L’indice SOX a ainsi entamé une décrue et STMicroelectronics a accompagné le mouvement. Certains évoquent une fin de cycle compte tenu de la baisse des prix des mémoires flash et de la moindre visibilité sur les mémoires DRAM. S’agit-il d’un épisode de stress qui restera circonscrit dans le temps ? Nous jugeons que le risque d’une poursuite de la consolidation est significatif.

A l’époque, je n’avais pas vendu mes titres Mauna Kea Technologies quand vous aviez conseillé de le faire à 14,50 €. Entre temps, l’action est tombée à 2 €… Il semble qu’aujourd’hui il y a un regain d’intérêt sur ce titre avec une multiplication par deux du cours. Est-ce que cette société sortirait enfin la tête de l’eau ou est-ce un feu de paille ? Faut-il en profiter pour vendre ou attendre ?

L’action Mauna Kea Technologies joue aux montagnes russes depuis plusieurs semestres, même si elle demeure dans de basses eaux (point bas touché à 1,51 € pour un cours qui s’approche de nouveau des 5 € et un prix d’introduction de 13 € dont nous supposons qu’il s’agit là de votre prix de revient unitaire). Les ventes du groupe restent mal orientées (- 22 % sur 9 mois) et la société ne parvient toujours pas à dégager de bénéfices. Le nouveau modèle du « pay for use », qui plombe pour l’heure le chiffre d’affaires, semble toutefois cohérent tandis que le lancement mondial du Cellvizio en urologie a été plébiscité… par les investisseurs. Les bonnes nouvelles existent donc, mais leur traduction dans les comptes n’est pas encore visible. En l’état actuel des anticipations des analystes, un retour sur les 13 € semble illusoire à court/moyen terme. La société nous semble bien valorisée sur les cours actuels même si le lancement d’une OPA (largement hypothétique) rendrait cette assertion caduque. Vous avez été patient jusque-là sur ce dossier qui ne manque pas d’intérêt. Nous vous invitons donc à conserver ce biais pour l’heure.

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