Semaine du 5 au 10 mars 2025
« Je ne regarde même pas les marchés », a déclaré cette semaine Donald Trump qui nous avait pourtant habitués, lors de son premier mandat, à célébrer quotidiennement les records de Wall Street. S’agit-il de faire l’autruche ? Peut-être. Car la baisse des indices américains constitue bel et bien une réaction négative aux mesures annoncées par son administration.
Les investisseurs voyaient les droits de douane comme une simple menace et ne s’attendaient pas à ce qu’ils soient réellement mis en place. Cette semaine, le Président américain a d’ailleurs annoncé de nouvelles taxes, cette fois-ci sur l’acier et l’aluminium, pour tous les partenaires commerciaux des Etats-Unis. Et s’il a dévoilé, dans le même temps, un report jusqu’au 2 avril des droits de douane sur les produits importés du Mexique et du Canada, les investisseurs ne s’en sont guère réjouis, y voyant plus une preuve d’instabilité qu’un signal positif.
Le Président de la Fed, Jerome Powell, a d’ailleurs estimé que la banque centrale devrait probablement « attendre plus de clarté » sur les réformes avant d’agir sur les taux. Quoi qu’il en soit, l’inquiétude n°1 porte désormais sur l’activité économique. Selon la Fed d’Atlanta, l’économie américaine pourrait maintenant se contracter de -2,4% en rythme annualisé au 1er trimestre.
Dans ce contexte, les actions américaines ont poursuivi leur correction (entre -10% et -13% selon les indices par rapport à leurs plus hauts), lestées par les valeurs technologiques.
Au mois de février, l’économie américaine a créé 151 000 emplois, soit légèrement moins qu’attendu par le consensus des économistes. Les chiffres du mois de janvier ont par ailleurs été révisés à la baisse (125 000 créations au lieu de 143 000). Sur cette base, le taux de chômage a légèrement progressé pour ressortir à 4,1%. Enfin, le salaire horaire a augmenté de +0,3%, sans surprise. Il convient toutefois de noter que les licenciements d’employés fédéraux ordonnés par le Département d’efficacité gouvernementale (DOGE), dirigé par Elon Musk, n’ont pas été pris en compte dans le rapport mensuel. Les chiffres du mois de mars devraient donc, logiquement, marquer un tournant pour le marché de l’emploi.
En Europe, le plan d’investissements de 1 000 Mds € dévoilé par l’Allemagne a en revanche dynamisé les marchés, avec une ruée des investisseurs vers la défense et la construction. Et vers l’euro qui a retrouvé ses niveaux de novembre. Les indices européens ont ainsi pu se maintenir à flots et « surperformer » une nouvelle fois cette année leurs équivalents américains.
Le plan d’investissements dévoilé par la future coalition gouvernementale allemande a provoqué un choc sur le marché obligataire. Les investisseurs ont en effet intégré l’idée que Francfort allait mettre fin à son orthodoxie budgétaire, ce qui les a amenés à anticiper l’émission massive de nouveaux emprunts en vendant ceux existants. Tous les pays européens ont vu leur taux se tendre. L’OAT français a retrouvé ses sommets d’octobre 2023.
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