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Le déconfinement soutient le marché (rédigé le 27/05/2020)
Bien que les indices larges aient plutôt fait du surplace au cours de la semaine passée, un vent d’optimisme a traversé les salles de marché. Le déconfinement, voire son accélération, en Europe et aux Etats-Unis incite les investisseurs à croire au scénario d’une reprise rapide. Ils sont d’ailleurs d’autant plus facilement convaincus qu’ils ont le sentiment d’être protégés par les banques centrales.
Ce sont ainsi les valeurs les plus sensibles au redémarrage de l’activité qui ont été recherchées. Il s’agit par exemple de Saint-Gobain et Eiffage avec la reprise des chantiers, de la FDJ qui va profiter du redémarrage des compétitions sportives ou encore de Groupe ADP et Accor pour qui les annonces faites par plusieurs pays sur la réouverture de leurs frontières aux touristes constitue un soulagement. L’automobile s’est également distinguée (Faurecia, Valeo, Renault et Peugeot) alors que le secteur va bénéficier de plans de soutien dans plusieurs pays, notamment en France où les primes à l’achat vont être relevées.
De l’autre côté de l’Atlantique, la peur de rater quelque chose ("fear of missing out") continue d’alimenter le rally des valeurs du Nasdaq. Cette semaine, Amazon et Facebook ont ainsi atteint un nouveau record historique. Le Nasdaq 100 est quant à lui revenu à environ 3% de son plus haut inscrit en début d’année, juste avant que ne survienne la pandémie de covid-19. Nombre de sociétés de ce compartiment ont, il est vrai, profité du recours accru aux produits et services numériques pendant le confinement. En dépit des niveaux de valorisation, certains opérateurs jugent que cette expérience inédite va accélérer la croissance des entreprises technologiques. Reste à savoir jusqu’où pourra aller ce décalage avec la réalité économique, très dégradée.
Sur le plan "macro", la Réserve fédérale a publié les minutes de la dernière réunion de son comité de politique monétaire. Et il apparaît que ce dernier s’est inquiété de la destruction de certains secteurs d’activité si ceux-ci restaient boudés par les clients en dépit de l’assouplissement des mesures de confinement dans de nombreux Etats. Selon les membres de l’institution, la pandémie fait peser sur l’économie de nombreux risques à moyen terme, mais aussi à long terme. Ces minutes n’ont toutefois pas perturbé les intervenants, lesquels restent en effet convaincus que la Fed continuera de mener une politique monétaire agressive pour compenser les effets de la pandémie.
Toujours aux Etats-Unis, l’Office du Budget du Congrès (CBO) a dévoilé ses projections actualisées. Selon cet organisme non-partisan, le Produit intérieur brut (PIB) américain devrait se contracter de -37,7% en rythme annualisé au 2ème trimestre, avant de rebondir de +21,5% sur la période juillet-septembre. Mais le PIB ne retrouverait pas ses niveaux de début 2020 avant la fin de la période étudiée par le CBO, laquelle court jusque fin 2021. Par ailleurs, l’organisme s’attend à ce que le taux de chômage atteigne un pic au 3ème trimestre avec une moyenne de 15,8% de la population active. Puis qu’il entame sa décrue pour ressortir en fin d’année à 8,6%. Ces annonces, qui pourraient faire craindre une déprime prolongée de la consommation des ménages, n’ont pas eu d’effet sur le marché où la logique de flux l’emporte encore.
De notre côté de l’Atlantique, le climat des affaires en Allemagne, mesuré par l’Ifo, a enregistré un rebond légèrement supérieur aux attentes en mai (79,5) après une chute record le mois précédent (74,2). En dépit de la levée des mesures de confinement, l’économie allemande devrait connaître une contraction à deux chiffres au 2ème trimestre, les carnets de commandes dans l’industrie des biens d’équipement restant très détériorés. Berlin a donné son feu vert à un plan de relance européen.
En Chine, le régime communiste a pour sa part renoncé à se fixer un objectif de croissance pour 2020, jugeant que le redémarrage de son économie serait un processus lent et difficile. Les autorités redoutent surtout une hausse du chômage, laquelle viendrait alimenter l’instabilité sociale. Dès lors, le gouvernement a, là aussi, mis sur pied un nouveau plan de relance budgétaire et fiscal, en complément de l’assouplissement monétaire. Le déficit budgétaire devrait ainsi ressortir à 3,6% du PIB, contre 2,8% en 2019. Les gouvernements locaux seront par ailleurs autorisés à émettre près de 500 Mds $ d’obligations spéciales cette année, soit 75% de plus que l’année dernière, pour financer de nouvelles infrastructures.
Sur le plan géopolitique, les relations entre les Etats-Unis et la Chine se sont envenimées après une proposition de loi chinoise visant à permettre au pouvoir central d’appliquer une "Loi de sécurité nationale" à Hong Kong. Washington a accusé Pékin de vouloir porter "un coup fatal" à l’autonomie de l’ancienne colonie britannique, brandissant la menace de représailles commerciales. Des milliers d’habitants de Hong Kong ont par ailleurs envahi, dimanche, les rues de l’île pour former la plus importante manifestation organisée depuis le début de l’année dans l’ex-colonie britannique. Si la Bourse locale a chuté de -5%, ces tensions n’ont en revanche pas affecté le reste des places financières.
Enfin, sur le marché des changes, l’euro a, pour la troisième fois en un peu plus d’un mois, échoué à franchir le cap des 1,10 $. L’appétit pour le risque constaté sur les marchés d’actions n’est donc pas partagé par les cambistes, lesquels préfèrent encore s’appuyer sur le roi dollar. //
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