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Le marché hésite (rédigé le 28/04/2020)
Au cours de la semaine passée, les indices boursiers ont finalement fait du surplace, les séances de hausse venant contrebalancer celles de baisse. Ces mouvements ont par ailleurs été accompagnés d’un net repli des volumes d’échanges, ce qui traduit d’importantes hésitations chez les investisseurs. A New York, les volumes ont en effet été divisés par deux depuis la mi-mars, date à laquelle la place enregistrait son point bas. Tandis que sur le CAC 40, les échanges sont désormais revenus au même niveau qu’avant la crise.
Les opérateurs restent dépendants des nouvelles en provenance du front sanitaire. Au cours de la séance du vendredi 24 avril, la Bourse de New York a par exemple effacé la plupart de ses gains après des informations selon lesquelles le laboratoire américain Gilead Sciences n’était pas parvenu à démontrer l’efficacité de son antiviral Remdesivir dans le traitement des malades atteints du covid-19. Un résumé des résultats de cet essai clinique avait été publié par erreur quelques jours plus tôt sur le site de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avant d’être retiré...
La saison des publications de chiffres d’affaires et de résultats s’est quant à elle poursuivie de part et d’autre de l’Atlantique. Près de 22% des entreprises du S&P 500 ont déjà dévoilé leurs comptes, laissant entrevoir un recul de -15% des bénéfices sur la période allant de janvier à mars. Nombre de sociétés ont par ailleurs été incapables de donner des prévisions pour le trimestre en cours. Pour l’heure, la dégradation des revenus et des profits des entreprises ne semble pas perturber outre-mesure les intervenants. Il est vrai que cette tendance négative ne constitue pas une surprise. Pour les plus optimistes, le flou sur les prochains mois aurait même l’avantage de maintenir l’espoir de bonnes surprises...
Sur le front macroéconomique, la confiance des consommateurs américains a continué en avril sa chute entamée en mars, selon l’enquête de l’Université du Michigan. L’indice s’est en effet établi à 71,8 pts, contre 89,1 pts le mois précédent. L’étude a par ailleurs révélé que la confiance avait chuté au sein de tous les foyers américains, quel que soit leur niveau de revenus. Dans le même temps, 4,42 millions de nouvelles demandes d’inscriptions au chômage ont été enregistrées (contre un consensus de 4 millions), selon le département du Travail. Depuis mars, 26,45 millions de nouveaux chômeurs ont été dénombrés aux Etats-Unis.
Du côté des entreprises, le sentiment s’est également et de nouveau dégradé, si l’on en croit l’indice PMI composite d’IHS Markit, lequel est ressorti à 27,4 en estimation flash pour avril, à comparer à 40,9 au titre du mois de mars (pour rappel, un indice inférieur à 50 révèle une contraction de l’activité). Il est à son plus bas niveau depuis le début de la série, mi-2009.
Dans la zone euro, les données n’étaient pas plus reluisantes. Selon l’enquête mensuelle réalisée par IHS Markit auprès des directeurs d’achat, l’indice PMI composite, qui combine services et activités manufacturières, est tombé à 13,5 pour avril (contre un consensus de 18), après avoir déjà chuté à 27,9 en mars. Il s’agit d’un record de faiblesse depuis la création de cet indicateur, à la mi-1998. Il reflète bien évidemment l’arrêt presque total de l’activité sur le Vieux Continent sous l’effet des mesures prises pour enrayer la pandémie de coronavirus. Dans le détail, il apparaît que le secteur des services est le plus touché (11,7 contre 26,4 en mars), le compartiment manufacturier limitant les dégâts (33,6 contre 44,5). En Allemagne, l’indice IFO, censé refléter le climat des affaires, est passé de 85,9 à 74,3 points en un mois, enregistrant sa plus forte baisse mensuelle. Le baromètre de la confiance des ménages mesuré par Gfk a également chuté : pour la première fois depuis 2003, il est entré en territoire négatif à -23,4 points, soit une baisse de 25,7 points sur un mois. Dans cet environnement anxiogène, les dirigeants politiques et monétaires ont poursuivi leurs annonces et interventions.
Aux Etats-Unis, un accord entre Républicains et Démocrates sur de nouvelles mesures d’aide de plus de 480 Mds $, dont une grande partie à destination des PME américaines, a ainsi été dévoilé. En zone euro, la Banque centrale européenne (BCE), qui doit se réunir ce jeudi, a décidé d’accepter les obligations dégradées de la catégorie "spéculative" en garantie des crédits accordés aux établissements bancaires. Ce qui revient à ne plus tenir compte de l’analyse des agences de notation sur la solvabilité des émetteurs. La Banque du Japon (BoJ) a pour sa part renforcé son programme de rachats d’actifs en supprimant notamment son plafond annuel pour les acquisitions d’obligations publiques japonaises. Enfin, en Chine, la banque centrale a baissé le taux d’intérêt à un an de la facilité de crédit ciblée à moyen terme (TMLF), de 3,15% à 2,95%.
Les cours de l’or noir ont à nouveau chuté sur des craintes de saturation des capacités de stockage aux Etats-Unis. Le pétrole de qualité WTI (autour de 10 $ en Asie le 28 avril au matin) est davantage touché que le Brent (lequel se maintient sur ses niveaux de la fin mars), l’excès de production étant plus marqué outre-Atlantique où l’essor du schiste a conduit l’Amérique à devenir le 1er producteur mondial d’or noir. Selon les estimations, les capacités du terminal géant de Cushing, dans l’Oklahoma, où le pétrole est stocké avant d’être expédié, sont déjà exploitées à 70%, les capacités restantes étant déjà réservées. Les stocks de brut aux états-Unis ont atteint 518,6 millions de barils (Mb) dans la semaine au 17 avril, tout près du record de 535 Mb datant de 2017. La baisse des cours est en train de provoquer une contre-révolution dans le secteur du schiste américain. Face à la faiblesse des prix, de plus en plus de forages sont en effet mis à l’arrêt (sans certitude de pouvoir redémarrer). Fin avril, le nombre de puits en activité était ainsi revenu à son niveau de mai 2016. D’ici un mois, un retour en arrière de 20 ans pourrait avoir été opéré. //
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